DJO BI, quelques précisions...
Salut les döökéw !!!
Salut Stef, ça fait longtemps !!! J’espère que tu vas bien ainsi que la famille…
Cela fait longtemps aussi que je n'étais venu me promener sur Donaba n'étant guère assidu sur la toile comme vos générations....
Je suis content de voir que vous vous intéressez à Djo Bi , percussionniste ivoirien talentueux qui fait entendre avec son tambour "topalon" les langages anciens de son village gouro et bien d'autres...( le « djembé » est maninka avec 2 formes originelles différentes et monté avec une peau de chèvre, alors que le « topalon » d’une forme plus allongée et un pied court semble avoir été monté originellement avec des peaux plus épaisses, veau etc…).
C’est Djo Bi que l’on voit de profil sur la couverture du n° hors série « Génération Djembé» de Batteur Magazine de juillet 1998. Injustement, son nom n’est cité nulle part dans ce numéro, les journalistes qui l’ont réalisé étant peu informé de ce milieu, c’est d’ailleurs in extremis que l’on m’a sollicité pour écrire un article sur Fadouba Oularé ( un peu censuré et déformé au passage sans mon aval …contraintes éditoriales obligent… ) et éviter ainsi l’absence parmi d’autres malheureusement, de maîtres incontestables et talentueux ( Séga Sidibé, Mamadou Sylla « Faraba », François Souleymane Dembélé, Mao Berthé, Ibrahima Sarr, Arafan Touré, Sékou Camara… pardon pour tout ceux que la place ne me permet pas de citer ici …).
Je me réjouis donc que cette reconnaissance même tardive arrive enfin, alors que durant cette dernière décennie l’influence des percussionnistes ivoiriens s’est affirmée sur le jeu du djembé par l’arrivée en France de nouvelles générations de musiciens virtuoses et créatifs.
Puisque je l'ai connu très tôt à son arrivée en France et joué avec lui, je me permets ici de corriger quelques petites inexactitudes que je viens de lire dans ce forum et susceptibles d’alimenter les rumeurs, pardon d’avance si besoin en était, à celles et/ou ceux dont je vais ici rectifier les propos par mon témoignage.
Nous nous sommes rencontrés avec Djo Bi à l'automne 1991 je crois, il résidait chez un certain "Robbie qui nous a quitté depuis (RIP) et à qui Georges Momboye a d’ailleurs dédicacé un titre du CD «Abebao» de Djibala Groove Percussions. C'est Robbie et pas Georges Momboye qui a fait venir Djo Bi en France à Mantes la Jolie, ensuite il a accueilli Georges et c'est ainsi que nous nous sommes rencontrés tout les 4 une première fois, ce "grand frère" me demandant d'introduire Georges dans les ballets parisiens où j'étais soliste à l'époque et me proposant d'intégrer leur groupe Assafo.
Le seul enregistrement que je connaisse, à part des prises de sons personnelles en stages de danse et répétitions, c'est la maquette de ce groupe Assafo datée du 30/08/1991.
Djo Bi est d'abord musicien de village, gouro, il a été je crois dans le Ballet National de Côte d'Ivoire, ainsi que Georges, je les avais vu tous les deux en 1986 dans la Cie "Les Guirivoires" de Marie-Rose Guiraud, ainsi que Thomas Gueï qui était alors l’enfant-prodige de la troupe et pour qui Djo Bi a été un maître.
À la création de sa Compagnie, Georges a bien sûr fait appel à Djo Bi en tant que soliste et chef d’orchestre et à l'équipe d'Assafo; Djo Bi est le premier batteur que j'ai vu et entendu jouer des sons sur les bords ( devant et cotés ) de son tambour ; dire qu'il a montré cette technique à Mamady Keïta " Djembefola" que je connais personnellement depuis 1989 me semble maladroit : ce dont je peux témoigner c'est que Mamady a intégré ces techniques à son jeu à partir de leurs fréquentations régulières, Georges et Djo Bi étant invités à Bruxelles notamment pour les fameux stages d'été organisés par TamTam Mandingue. La grande ouverture d’esprit de Mamady aux autres répertoires et son talent à les intégrer a fait le reste …
Djo Bi vit actuellement aux USA, vous pouvez visiter sa page facebook
https://www.facebook.com/djo.simon?ref=ts&fref=ts
Vous y trouverez également les coordonnées de son site et toutes les infos et liens concernant ses activités musicales.
Il serait ravi de venir donner des stages en France et en Europe…
Il a eu quelques élèves qui pourraient témoigner et peut-être vous orienter vers d’autres enregistrements, notamment Didier Roch qui fut son élève à Paris et qui était accompagnateur dans Assafo.
Merci de votre attention, je vous encourage à rester curieux de ceux et de ce qui vous a précédé, là sont bien des racines encore souvent méconnues et des langages musicaux qui disparaissent avec les anciens quand ils ne les ont pas ou peu transmis.
La professionnalisation et la mise en « scènes » récentes des joueurs de tambours à travers le développement de « traditions » urbaines « spectaculaires » différentes du contexte social de leur rôle dans la vie rurale, l’essor d’un tourisme culturel qui était quasi-inexistant encore il y a 20 ans, participent inexorablement à ces transformations culturelles, ainsi va la vie…
Tout de bon à tou(te)s !!!
Éric Genevois